Deux ingénieurs normands ont décidé de bouleverser les codes de la voiture électrique en repartant de zéro. Marc Guillemaud et Aurélien Roulleaux Dugage, forts d’une expertise issue de l’IFP School et d’une expérience dans l’industrie pétrolière, ont lancé le projet Line. Leur ambition ? Réinventer la mobilité électrique avec une approche radicalement différente, centrée sur une efficacité énergétique inédite et une conception pensée pour les vrais usages quotidiens.
Le résultat est une voiture électrique qui consomme seulement 4 kWh/100 km, soit un tiers voire un cinquième des modèles actuellement sur le marché. Cette prouesse repose sur une architecture entièrement nouvelle, où chaque détail a été optimisé pour maximiser l’autonomie, réduire l’impact environnemental et proposer une expérience de conduite adaptée aux besoins réels des conducteurs.
Une réinvention complète de la voiture électrique
Le projet Line ne s’appuie pas sur l’adaptation de véhicules existants, mais sur une conception pensée dès l’origine. Marc Guillemaud et Aurélien Roulleaux Dugage ont remis en cause les fondamentaux de la mobilité électrique en s’appuyant sur leur vision énergétique acquise à l’IFP School et leurs années passées dans le secteur pétrolier, où l’optimisation des ressources est une priorité.
Leur objectif est clair : réduire la consommation électrique à seulement 4 kWh pour 100 kilomètres, alors que la majorité des voitures électriques actuelles oscillent entre 12 et 25 kWh. Cette performance est obtenue grâce à une nouvelle architecture technique, sans compromis sur la sécurité ni le confort.
Trois piliers technologiques pour une efficacité maximale
Aérodynamisme de pointe
Le premier pilier repose sur un aérodynamisme exceptionnel. Avec un coefficient de traînée Scx de 0,28 m², le véhicule dépasse largement des références comme la Tesla Model S, qui affiche un Scx de 0,51 m². Cette réduction drastique de la résistance à l’air permet d’économiser énormément d’énergie, surtout à vitesse stabilisée sur autoroute.
Poids ultra-léger grâce au châssis composite
Le deuxième axe concerne le poids : grâce à un châssis en matériaux composites, la Line ne pèse que 500 kg. Ce poids plume est un facteur clé pour limiter la consommation, mais aussi pour améliorer la maniabilité et la performance globale du véhicule. La fabrication en composite est aussi un gain en termes de recyclabilité et d’impact environnemental.
Dimensions millimétrées pour une efficacité optimale
Le troisième pilier se trouve dans des dimensions parfaitement adaptées : avec une longueur de 3,93 mètres, la voiture est pensée pour couvrir environ 85 % des trajets quotidiens en France. Cette taille réduite, combinée à une configuration biplace, permet de limiter le poids et d’optimiser chaque centimètre carré de la carrosserie.
Un véhicule innovant à la classification surprenante
Bien que dotée de quatre roues, la Line est techniquement classée comme un véhicule « trois roues ». Ce choix permet de simplifier l’homologation tout en garantissant un haut niveau de sécurité. Cette particularité ouvre la voie à une nouvelle catégorie de véhicules légers, adaptés à la mobilité urbaine et périurbaine.
Cette classification facilite aussi la production et la mise sur le marché, car elle évite les normes souvent contraignantes imposées aux voitures traditionnelles tout en conservant des standards rigoureux de sécurité active et passive.
Autonomie et recharge : des performances au rendez-vous
La Line offre une autonomie supérieure à 500 kilomètres, un exploit pour un véhicule aussi léger et compact. Cette capacité permet de tenir un rythme de conduite autoroutière pendant 2 à 3 heures à 130 km/h, répondant ainsi aux besoins des déplacements longue distance.
La recharge rapide est également au cœur de la conception. La batterie peut passer de 20 % à 80 % en seulement 10 minutes, grâce à une limitation de puissance à 100 kW. Ce choix d’optimisation énergétique favorise un usage plus efficace de l’électricité, contrairement aux pointes à 300 kW qui stockent beaucoup mais gaspillent une partie de l’énergie.
Stratégie commerciale progressive et industrielle
Le lancement commercial de la Line se fera de manière graduelle. Les deux ingénieurs prévoient la fabrication de 10 exemplaires pilotes pour affiner le produit et valider les processus. À l’horizon 2028-2029, la production devrait atteindre 500 unités par an, avant de monter à 10 000 véhicules annuels après 2030.
Le prix cible de la voiture est fixé à 30 000 euros à terme, une somme qui deviendra accessible grâce à la montée en cadence de la production et à l’optimisation des coûts liés à la recherche et développement. La fabrication sera assurée par Faster, un spécialiste des prototypes basé à Plaisir, dans les Yvelines.
Un impact environnemental réduit et une cible bien définie
L’impact écologique de la Line est réduit de 30 % sur son cycle de vie comparé aux voitures électriques classiques. Cette amélioration est obtenue grâce à la réduction des matières premières nécessaires, notamment pour les batteries, et à une consommation électrique maîtrisée.
La recharge limitée à 100 kW est pensée pour optimiser la consommation d’énergie, en évitant les pertes liées aux charges ultra-rapides. La voiture vise principalement les consommateurs éco-conscients, les flottes commerciales et ceux cherchant une seconde voiture dans leur foyer. Cette niche évite la concurrence frontale avec les constructeurs généralistes et mise sur une mobilité plus responsable et adaptée.
Un potentiel pour redéfinir la voiture électrique française
L’homologation de la Line est prévue pour 2027, ouvrant la voie à une nouvelle ère de véhicules électriques plus efficients et écologiques. Ce projet pourrait bien redéfinir les standards de l’efficacité énergétique dans l’industrie automobile française, en proposant une alternative audacieuse aux modèles conventionnels.
